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Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/236

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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

avec nous qui voudra. Quant aux autres, ils n’ont pas besoin d’interprète à Funchal, où tout le monde parle anglais, et que l’on peut visiter en deux heures, y compris la chapelle des crânes. Au surplus, cela regarde M. Thompson, auquel j’en parlerai ce soir. »

Au bas de la pente, les deux Français rejoignirent leurs compagnes, arrêtées par un concours assez nombreux de populaire. Une maison semblait être l’objectif de cette foule, d’où s’élevaient des rires et des exclamations.

Bientôt un cortège se forma, se mit en marche et défila devant les touristes, aux sons « l’une joyeuse musique et de chants de fête.

Roger poussa une exclamation d’étonnement.

« Mais… mais… Dieu me pardonne !… C’est un enterrement, ça !

En effet, à la suite des premiers rangs du cortège, on apercevait, sur les épaules de quatre porteurs, une sorte de brancard, sur lequel un petit corps, celui d’une fillette, était couché dans l’éternel sommeil.

De leur place, les touristes distinguaient nettement jusqu’au moindre détail. Ils voyaient le front entouré de fleurs blanches, les yeux clos, les mains jointes du petit cadavre, que l’on conduisait ainsi à la tombe au milieu d’une gaieté générale.

Quant à croire à une cérémonie tout autre, quant à douter que la fillette fut morte, cela était impossible. On ne pouvait se tromper à ce front jauni, à ce nez pincé, à la raideur des deux petits pieds sortant des plis de la robe, à cette immobilité définitive de l’être.

— Quelle est cette énigme ? murmura Roger, tandis que la foule s’écoulait lentement.

— Elle n’a rien de mystérieux, répondit Robert. Ici, dans ce pays religieux et catholique, on estime que les enfants, étant purs de toute tache, vont directement prendre place parmi les anges du ciel. Pourquoi dès lors les pleurerait-on ? Ne doit-on pas, au