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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

Un autre le suivit, puis un autre, tous par bonheur sains et saufs.

Il en manquait encore un pourtant. Mais on le vit apparaître soutenu, porté plutôt par Mr. Bishop. Celui-là paraissait bien malade. Grièvement brûlé par tout le corps, il poussait des gémissements lamentables.

Lorsque l’homme fut étendu sur le pont, hors d’atteinte de la vapeur qui continuait à fuser à grand bruit. Mr. Bishop se redressa, et l’on put voir qu’il avait été, lui aussi, profondément brûlé à la poitrine et au visage. Il ne paraissait pas toutefois faire attention, et, se tournant vers le capitaine, il attendit ses questions.

« Qu’y a-t-il, monsieur ? demanda celui-ci d’une voix calme.

— Un accident. Je vous l’ai dit, commandant, on ne fait pas du neuf avec du vieux. La chaudière a cédé, vers la base heureusement, et a noyé les feux.

— L’accident est-il réparable ?

— Non, commandant.

— C’est bien, monsieur, dit le capitaine Pip, qui, tandis que les passagers sous la direction de Mr. Flyship s’empressaient auprès des deux blessés, remonta à son banc de quart et commanda de sa voix ordinaire :

— À larguer la grand’voile ! à larguer le grand foc ! à larguer tout !

Puis, ayant jeté un coup d’œil sur Mr. Bishop et le chauffeur qu’on transportait évanouis dans les cabines, il se tourna vers Artimon, qu’aucun événement ne pouvait éloigner de son poste réglementaire.

Le capitaine regarda Artimon, et Artimon regarda le capitaine. Ce regard sympathique échangé, le premier loucha de la manière réservée aux plus mémorables circonstances, et, ayant craché dans la mer avec circonspection :

— Par la barbe de ma mère, master, dit-il enfin, nous sommes dans une péripétie, monsieur ! »