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PREMIER CONTACT.

Thompson s’était sauvé en effet. Mais pourquoi aurait-il été troublé par la vue d’un de ses passagers ? Pourquoi surtout M. Saunders jugeait-il à propos de faire à l’employé dudit Thompson une si singulière réflexion ?

Saunders ne donna pas ses raisons. Sa face resta grave et froide. Seule, sa langue, pointant en dehors, eût pu, si Robert avait mieux connu ce gentleman, montrer, qu’à son estime, il en avait dit une bien bonne.

M. Van Piperboom, poursuivit-il, ne sait absolument que le hollandais, et il se consume vainement dans la recherche d’un interprète, comme je l’ai appris par cette carte, dont il eut la sage précaution de se munir.

Et Saunders exhiba une carte de visite sur laquelle Robert put lire :

VAN PIPERBOOM

demande un interprète.
Rotterdam.

Piperboom crut sans doute devoir appuyer la demande formulée par la carte, car il énonça d’une voix flûtée qui contrastait étrangement avec ses dimensions.

Inderdaad, mynheer, ik ken geen woord engelsch…

M. Piperboom tombe mal, monsieur, interrompit Robert. Je ne sais pas le hollandais plus que vous.

Cependant le vaste passager continuait :

… ach zal ik dikwyls uw raad inwinnen op die reis.

Et il ponctua sa phrase d’un aimable salut et d’un engageant sourire.