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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

— Comment ! vous ne savez pas le hollandais ! Ne serait-ce donc pas à vous que ceci fait allusion ? s’écria Saunders, en tirant des profondeurs de sa poche un papier qu’il présenta à Robert.

Robert prit le papier qui lui était offert. Sur cette feuille, programme du voyage entrepris, les indications de l’affiche étaient d’abord reproduites, et, au bas de la première page, la mention relative à l’interprète figurait toujours, ainsi modifiée :

« Un professeur de l’Université de France, parlant toutes les langues, a bien voulu consentir à se mettre au service de MM. les passagers en qualité de cicérone-interprète. »

Robert, ayant lu, releva les yeux sur Saunders, les reporta sur le papier, puis les releva encore et les promena autour de lui, comme s’il eût espéré trouver sur le pont l’explication d’un fait qui échappait à sa compréhension. Alors, il aperçut Thompson penché sur le capot de la machine, et, semblait-il, absorbé dans la contemplation des bielles et des pistons.

Abandonnant Saunders et Piperboom, Robert courut à lui, et, un peu vivement peut-être, lui tendit le malencontreux programme.

Mais Thompson s’attendait à ce coup. Thompson, toujours, était prêt à tout.

Sous le bras levé de Robert, son bras se glissa, amical, et, d’un effort sans brusquerie, il entraîna l’interprète mécontent. On eût juré deux camarades devisant paisiblement de la pluie et du beau temps.

Cependant Robert n’était pas homme à se payer de cette monnaie.

« Pourriez-vous m’expliquer, monsieur, les affirmations de votre programme ? s’écria-t-il brutalement. Vous ai-je jamais dit que je parlais toutes les langues ?

Thompson souriait, agréable.

— Ta ! ta ! ta ! fit-il doucement, ce sont les affaires, cher monsieur.