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Page:Verne - L'Agence Thompson and C°, Hetzel, 1907.djvu/460

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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

heures, la nuée fuligineuse avait déjà envahi la moitié du ciel quand les premiers commandements du capitaine éclatèrent :

« À carguer le clin-foc !… À carguer le petit cacatois !… À carguer le flèche !… À carguer le grand cacatois ! »

Un quart d’heure plus tard, on amenait le grand foc et les perroquets, et, vingt minutes après, le petit volant, la trinquette et la brigantine, à la place de laquelle on enverguait une voile de cape. Ce travail à peine terminé, le capitaine faisait serrer la grand’voile, la misaine et le grand volant, ne laissant dehors que le petit foc, les deux huniers au bas ris et une voile de cape au mât d’artimon.

L’atmosphère était calme cependant. Mais ce calme trop profond n’avait rien de rassurant.

À huit heures précises, en effet, la rafale arriva comme la foudre, accompagnée de torrents de pluie. La Santa-Maria s’inclina à faire croire qu’elle allait chavirer, puis, présentant son étrave à la mer, commença à bondir sur les lames subitement dressées.

Le capitaine invita alors tout le monde à aller chercher le sommeil. Il n’y avait plus rien à faire maintenant qu’à attendre.

Jusqu’au matin, en effet, la Santa-Maria demeura à la cape, et les passagers lurent durement secoués dans leurs couchettes. La tempête malheureusement ne montra, au cours de cette nuit, aucune tendance à décroître. Bien au contraire, au lever du soleil, elle parut redoubler de violence.

Le capitaine Pip, au surplus, n’était pas trop mécontent de la manière dont la Santa-Maria tenait la cape. Elle montait légèrement à la lame, le pont à peine mouillé par les embruns. Par contre, il était moins satisfait de la mâture, et il constatait avec ennui la mauvaise qualité du filin acheté à São-Thiago. Les haubans et les galhaubans, sous les chocs imprimés par la mer, avaient subi un allongement considérable, et les bas-mâts jouaient dans les emplantures.

Durant toute cette journée, la rage de l’ouragan ne cessa