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QUITTES !

Jack Lindsay avait chancelé. Française ou arabe, une balle s’était égarée dans la tente et avait frappé à mort le misérable. À peine eut-il le temps de porter les deux mains à sa poitrine, qu’il s’écroulait sur le sol.

Alice, hors d’état de rien comprendre à ce qui arrivait, se tourna vers Robert, une question sur les lèvres. Les événements ne lui laissèrent pas le loisir de parler.

Comme une trombe, la tente fut emportée, un tourbillon d’hommes passa en hurlant, et, entraînée par Robert qui aussitôt repartit dans l’ombre, Alice se retrouvait au milieu des autres femmes de la caravane. Toutes étaient là, y compris Dolly qui serra sa sœur dans ses bras.

Bientôt d’ailleurs, Robert revenait, suivi du capitaine, de Roger de Sorgues et de tous les autres naufragés. En manquait-il ? Le lendemain seulement, il serait possible de s’en assurer.

Une demi-heure plus tard, après avoir rassemblé ses hommes, placé ses grand’gardes, pris toutes ses précautions contre un retour offensif de l’ennemi, un officier français arrivait, le dernier. Le joyeux sourire de la victoire sur les lèvres, bien en vue dans la lumière éclatante de la lune, il salua les dames d’un geste circulaire, et, s’adressant directement à Robert :

« Les moricauds sont dispersés, mon cher monsieur, dit-il gaiement.

Mais sans attendre un remerciement bien naturel, il s’était élancé.

— Tiens ! de Sorgues ! s’écria-t-il en apercevant Roger. Vous en étiez donc ?

— Comment va, mon cher Beaudoin ? répondit Roger. Et pourquoi n’en aurais-je pas été, s’il vous plaît ?

— Elle est bonne ! » affirma philosophiquement l’officier français en allumant une cigarette.