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L’AGENCE THOMPSON AND Co.

qui lui étaient données, il demeurait mécontent, c’était visible. Il pardonnait difficilement à ses amis d’atténuer, par leur charité sentimentale, une vengeance qu’il eût désirée plus complète.

— Voilà bien les femmes ! bougonna-t-il enfin entre ses dents.

Il garda encore un moment le silence, mâchonnant de confuses paroles. Évidemment, il n’avalait pas, comme on dit, la nouvelle qu’il venait d’apprendre.

— N’importe ! conclut-il enfin, voilà une étrange aventure. Qu’en pensez-vous, commandant ?

Le capitaine brusquement interpellé se troubla. Ses yeux divergèrent sous le coup de l’émotion. Légèrement, si l’on veut, mais incontestablement, il loucha.

Une habitude en appelle une seconde, et une seconde, une troisième. Ayant louché, le capitaine se pétrit délicatement le bout du nez, puis, ayant satisfait à cette seconde manie, la troisième s’imposa à son tour, et il se retourna avec l’idée de cracher dans la mer avec adresse. Mais la mer était un peu loin, et un tapis épais étalait à sa place des fleurs vives sur un fond blanc. À cette vue, le capitaine fut interloqué et perdit tout à fait la notion des choses. Au lieu de répondre à Baker, il jugea prudent de faire part de ses sentiments au seul et unique Artimon. Il se pencha donc vers le chien sous les regards amusés de ses amis.

— Par la barbe de ma mère, master, c’est une diabolique péripétie, monsieur ! » dit-il sentencieusement au bon toutou qui, d’avance, secouait ses oreilles d’une manière approbative.


fin.