Page:Verne - L’École des Robinsons - Le Rayon vert.djvu/345

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
127
à bord de la « clorinda ».

Soudain, deux détonations retentirent au milieu des roches du littoral, au-dessous de la colline. Une fumée s’éleva, et, entre ses volutes, se tendit tout un nuage d’oiseaux de mer, mouettes, goélands, pétrels, effrayés par ces coups de fusil intempestifs.

Le nuage monta droit, puis, s’interposant comme un écran entre l’horizon et l’île, il passa devant l’astre mourant, au moment où celui-ci envoyait à la surface des eaux son dernier trait de lumière.

À ce moment, sur une pointe de la falaise, on put apercevoir, son fusil fumant à la main, et suivant des yeux toute la volée d’oiseaux, l’inévitable Aristobulus Ursiclos.

« Ah ! cette fois, c’en est assez ! s’écria le frère Sib.

— C’en est trop ! s’écria le frère Sam.

— J’aurais bien dû le laisser accroché à sa roche, se dit Olivier Sainclair. Au moins, il y serait encore. »

Miss Campbell, les lèvres serrées, les yeux fixes, ne prononça pas un seul mot.

Une fois de plus, et par la faute d’Aristobulus Ursiclos, elle avait manqué le Rayon-Vert !


XVII

à bord de la « clorinda »


Le lendemain, dès six heures du matin, un charmant yawl de quarante-cinq à cinquante tonneaux, la Clorinda, quittait le petit port d’Iona, et, sous une légère brise du nord-est, ses amures à tribord, s’élevait au plus près, gagnant la haute mer.

La Clorinda emportait miss Campbell, Olivier Sinclair, le frère Sam, le frère Sib, dame Bess et Partridge.

Il va sans dire que le malencontreux Aristobulus Ursiclos n’était point à bord.