Fusillade générale ! Feu à volonté ! Quinze coups de fusil partent, pour le moins, le mien compris.
Un cri se fait entendre à travers la fumée ! Je regarde…
À ce moment, une figure apparaît au-dessus du buisson.
C’était un paysan, la joue droite grosse comme s’il avait eu une noix dans la bouche !
« Bon ! un accident ! s’écria Brétignot.
— Il ne manquait plus que cela ! » riposta Duvauchelle.
Ce fut tout ce que leur inspira ce « délit de coups et blessures, sans intention de donner la mort, » comme dit le Code. Et ces gens, dépourvus d’entrailles, courant vers leurs chiens qui rapportaient deux perdreaux, blessés seulement, achevèrent à coups de talons de botte ces infortunés volatiles ! Je leur en souhaite autant, — s’ils ont jamais besoin d’être achevés !
Et, pendant ce temps, l’indigène était toujours là, avec sa grosse joue, ne pouvant parler.
Mais voici que Brétignot et ses compagnons reviennent sur leurs pas.
« Eh bien, ce brave homme, qu’a-t-il donc ? demanda Maximon d’un ton protecteur.
— Parbleu ! Il a un grain de plomb dans la joue ! répondis-je.
— Bah ! ce n’est rien ! repartit Duvauchelle, ce n’est rien !
— Si !… si !… fit le paysan, qui crut devoir souligner l’importance de sa blessure par une grimace horrible.
— Mais qui donc a été assez maladroit pour endommager ce pauvre diable ? demanda Brétignot, dont le regard interrogateur finit par s’arrêter sur moi.
— Est-ce que vous n’avez pas tiré ? me dit Maximon.
— Oui ! j’ai tiré… comme tout le monde !
— Eh bien, la question est jugée ! s’écria Duvauchelle.
— Vous êtes aussi maladroit chasseur que Napoléon Ier, reprit Pontcloué, qui détestait l’empire.
— Moi ! moi !… m’écriai-je.