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L’ÉTOILE DU SUD.


détacher, quand il trouvera convenable de le faire ! Et tant mieux pour celui qui, le premier, atteindra le but !

— Convenu ! répondirent Cyprien, Annibal Pantalacci et Friedel.

— Quand partirez-vous ? demanda John Watkins, dont cette combinaison quadruplait les chances qu’il pouvait avoir de rentrer en possession de son diamant.

— Demain, par la diligence de Potchefstrom, répondit Friedel. Il n’y a pas à songer à y arriver avant elle.

— Convenu ! »

Cependant, Alice avait pris Cyprien à part et lui demandait s’il croyait véritablement que Matakit pût être l’auteur d’un pareil vol.

« Miss Watkins, lui répondit le jeune ingénieur, je suis bien forcé d’avouer que toutes les présomptions sont contre lui, puisqu’il a pris la fuite ! Mais, ce qui me paraît certain, c’est que cet Annibal Pantalacci m’a tout l’air d’un monsieur qui pourrait peut-être en dire long sur la disparition du diamant ! Quelle figure de potence… et le brillant associé que je prends là !… Bah ! à la guerre comme à la guerre ! Mieux vaut encore, après tout, l’avoir sous la main et pouvoir surveiller ses mouvements que de le laisser agir séparément et à sa guise ! »

Les quatre prétendants prirent bientôt congé de John Watkins et de sa fille. Comme il était naturel en pareilles circonstances, les adieux furent brefs et se bornèrent à un échange de poignées de main. Qu’auraient pu se dire ces rivaux, qui partaient ensemble en souhaitant de se voir mutuellement au diable ?

En rentrant chez lui, Cyprien trouva Lî et Bardik. Ce jeune Cafre, depuis qu’il l’avait pris à son service, s’était toujours montré fort zélé. Le Chinois et lui étaient en train de bavarder sur le pas de la porte. Le jeune ingénieur leur annonça qu’il allait partir en compagnie de Friedel, de James Hilton et d’Annibal Pantalacci pour se mettre à la poursuite de Matakit.

Tous deux échangèrent alors un regard, — un seul ; puis, se rapprochant sans dire un mot de ce qu’ils pensaient du fugitif :

« Petit père, dirent-ils ensemble, emmène-nous avec toi, nous t’en prions instamment !

— Vous emmener avec moi ?… Et pour quoi faire, s’il vous plaît ?

— Pour préparer ton café et tes repas, dit Bardik.

— Pour laver ton linge, ajouta Lî.