dents se réduisaient à une roue embourbée ou à un bœuf malade. Les canards sauvages, les perdrix, les chevreuils, abondaient sur la route et fournissaient tous les jours les éléments du déjeuner ou du dîner. La nuit se passait habituellement dans quelque ferme, dont les habitants, isolés du reste du monde pendant les trois quarts de l’année, accueillaient avec une joie sincère les hôtes qui leur arrivaient.
Partout les Boërs étaient les mêmes, hospitaliers, prévenants, désintéressés. L’étiquette du pays exige, il est vrai, qu’on leur offre une rémunération pour l’abri qu’ils donnent aux hommes et aux bêtes en voyage. Mais cette rémunération, ils la refusent presque toujours, et même ils insistent au départ pour qu’on accepte de la farine, des oranges, des pêches tapées. Si peu qu’on leur laisse en échange, un objet quelconque d’équipement ou de chasse, un fouet, une gourmette, une poire à poudre, les voilà ravis, quelque minime qu’en soit la valeur.
Ces braves gens mènent au milieu de leurs vastes solitudes une existence assez douce ; ils vivent sans effort, eux et leurs familles, des produits que rendent leurs troupeaux, et cultivent tout juste assez de terre, avec leurs aides Hottentots ou Cafres, pour obtenir un approvisionnement de grains et de légumes.
Leurs maisons sont très simplement bâties en terre et couvertes d’un épais chaume. Quand la pluie a fait brèche dans les murs, — ce qui arrive assez fréquemment, — le remède est sous la main. Toute la famille se met à pétrir de la glaise, dont elle prépare un grand tas ; puis, filles et garçons, la prenant à poignées, font pleuvoir sur la brèche un bombardement qui l’a bientôt obstruée.
À l’intérieur de ces habitations, on trouve à peine quelques meubles, des escabeaux de bois, des tables grossières, des lits pour les grandes personnes ; les enfants se contentent de coucher sur des peaux de mouton.
Et pourtant, l’art a sa place dans ces existences primitives. Presque tous les Boërs sont musiciens, jouent du violon ou de la flûte. Ils raffolent de la danse, et ne connaissent ni les obstacles, ni les fatigues, lorsqu’il s’agit de se réunir, — parfois de vingt lieues à la ronde pour se livrer à leur passe-temps favori.
Leurs filles sont modestes et souvent fort belles dans leurs simples atours de paysannes hollandaises. Elles se marient jeunes, apportent uniquement en dot à leur fiancé une douzaine de bœufs ou de chèvres, un chariot ou