Page:Verne - L’Étonnante Aventure de la mission Barsac, parue dans Le Matin, avril à juillet 1914.djvu/185

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— Je ne voudrais pas vous faire un cours de physique, répondit Marcel Camaret en souriant. Quelques explications de principe sont cependant nécessaires. Je vous rappellerai donc, si vous le savez, je vous apprendrai, si vous l’ignorez, qu’un célèbre physicien allemand du nom de Hertz, a remarqué, il y a de cela déjà longtemps, que, lorsqu’on fait éclater l’étincelle d’une bobine d’induction dans le petit intervalle séparant les deux branches d’un condensateur, résonateur ou oscillateur, selon le mot qui vous conviendra le mieux, cette étincelle provoque, entre les deux pôles de cet instrument, une décharge oscillante, ce qui revient à dire qu’il est parcouru par un courant alternatif, ou, en d’autres termes, que ses deux pôles sont, à tour de rôle, positifs ou négatifs au cours d’une même décharge, jusqu’au moment où il est revenu à un état d’équilibre. La rapidité de ces oscillations, autrement dit, leur fréquence, peut être très grande et atteindre jusqu’à cent milliards par seconde. Or, celles-ci ne sont pas limitées aux points où elles se produisent. Elles ébranlent, au contraire, le milieu ambiant, c’est-à-dire l’air, ou, plus exactement, le fluide impondérable, qui remplit à la fois les espaces célestes et les vides intermoléculaires des corps matériels, auquel on a donné le nom d’éther. À chaque oscillation correspond donc une vibration éthérique qui se transmet, de proche en proche, toujours plus loin. Ce sont ces vibrations qu’on appelle avec juste raison des ondes hertziennes. Me suis-je fait comprendre ?

— Admirablement, proclama Barsac, qui en sa qualité d’homme politique, était peut-être, de tous les auditeurs de Camaret, le moins préparé aux questions scientifiques.

— Jusqu’à moi, reprit celui-ci, ces ondes n’étaient qu’une curiosité de laboratoire. On s’en servait pour électriser, sans contact matériel, des corps métalliques situés plus ou moins loin de leur point d’émission. Elles avaient, en effet, le défaut capital de se répandre dans tous les sens autour de ce point, absolument comme les ronds concentriques qui se forment dans une mare quand on y jette une pierre. Il en résultait que l’énergie initiale se diluait, s’émiettait, se vaporisait, pour ainsi dire, en se divisant sur une étendue de plus en plus grande, et, qu’à quelques mètres seulement de la source on ne pouvait plus en obtenir que des manifestations insignifiantes. Vous comprenez toujours ? Je suis clair ?

— Lumineux, affirma Amédée Florence.

— Bien avant moi, on avait remarqué que ces ondes sont comme la lumière, susceptibles d’être réfléchies, mais on n’avait tiré aucune conclusion de cette propriété. Or, grâce au métal extra-conducteur que j’ai découvert — celui-là même dont j’ai garni la crête de notre muraille — j’ai pu établir