s’agissait pas d’amour, lorsque Nicolas Starkos s’imposait à la fille d’Elizundo ! Il ne s’agissait que des millions dont cet homme voulait avoir l’entière possession, et aucun argument ne le ferait fléchir.
Hadjine Elizundo n’avait rien su de cette lettre, qui annonçait l’arrivée du capitaine de la Karysta ; mais, depuis ce jour, son père lui avait paru plus triste, plus sombre que d’habitude, comme s’il eût été accablé par quelque préoccupation secrète. Aussi, lorsque Nicolas Starkos se présenta à la maison de banque, elle ne put se défendre d’en ressentir une inquiétude plus vive encore. En effet, elle connaissait ce personnage pour l’avoir vu venir plusieurs fois pendant les dernières années de la guerre. Nicolas Starkos lui avait toujours inspiré une répulsion dont elle ne se rendait pas compte. Il la regardait, semblait-il, d’une façon, qui ne laissait pas de lui déplaire, bien qu’il ne lui eût jamais adressé que des paroles insignifiantes, comme eût pu le faire un des clients habituels du comptoir. Mais la jeune fille n’avait pas été sans observer qu’après les visites du capitaine de la Karysta, son père était toujours, et pendant quelque temps, en proie à une sorte de prostration, mêlée d’effroi. De là son antipathie, que rien ne justifiait du moins jusqu’alors, contre Nicolas Starkos.