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l’inattendu.

Henry d’Albaret saura qui vous êtes, il ne voudra plus de votre fille, et, lorsque votre fille connaîtra la source de la fortune de son père, elle ne pourra plus songer à devenir la femme de ce capitaine Henry d’Albaret ! Si donc vous ne rompez pas ce mariage aujourd’hui, demain il se rompra de lui-même, car demain les deux fiancés sauront tout !… Oui !… Oui !… de par le diable, ils le sauront ! »

Le banquier se releva encore une fois. Il regarda fixement le capitaine de la Karysta et, alors, d’un accent de désespoir, auquel il n’y avait point à se tromper :

« Soit !… Je me tuerai, Nicolas Starkos, dit-il, et je ne serai plus une honte pour ma fille !

— Si, répondit le capitaine, vous le serez dans l’avenir comme vous l’êtes dans le présent, et votre mort ne fera jamais qu’Elizundo n’ait été le banquier des pirates de l’Archipel ! »

Elizundo retomba, accablé, et ne put rien répondre, lorsque le capitaine ajouta :

« Et voilà pourquoi Hadjine Elizundo ne sera pas la femme de cet Henry d’Albaret, pourquoi elle deviendra, qu’elle le veuille ou non, la femme de Nicolas Starkos ! »

Pendant une demi-heure encore, cet entretien se prolongea en supplications de la part de l’un, en menaces de la part de l’autre. Non certes, il ne