il appartenait. De là, des propos qui se contredisaient d’une minute à l’autre.
« C’est un chébec ! disait l’un des marins. Je viens de voir les voiles carrées de son mât de misaine !
— Eh non ! répondait un autre, c’est une pinque ! Voyez son arrière relevé et le renflement de son étrave !
— Chébec ou pinque ! Eh ! qui prétendrait pouvoir les distinguer l’un de l’autre à pareille distance ?
— Ne serait-ce pas plutôt une polacre à voiles carrées ? fit observer un autre marin, qui s’était fait une longue-vue de ses deux mains à demi fermées.
— Que Dieu nous vienne en aide ! répondit le vieux Gozzo. Polacre, chébec ou pinque, ce sont autant de trois-mâts, et mieux valent trois mâts que deux, lorsqu’il s’agit d’atterrir sur nos parages avec une bonne cargaison de vins de Candie ou d’étoffes de Smyrne ! »
Sur cette observation judicieuse, on regarda plus attentivement encore. Le navire se rapprochait et grossissait peu à peu ; mais, précisément parce qu’il serrait le vent de très près, on ne pouvait l’apercevoir par le travers. Il eût donc été malaisé de dire s’il portait deux ou trois mâts, c’est-à-dire si l’on pouvait espérer que son tonnage fût ou non considérable.
« Eh ! la misère est pour nous et le diable s’en mêle !