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l’archipel en feu.

plaît à Dieu ! Honneur à votre ancien commandant Stradena, qui est mort glorieusement sur ce banc de quart ! Je compte sur vous ! Comptez sur moi ! — Rompez ! »

Le lendemain, 2 mars, la corvette, tout dessus, perdait de vue les côtes de Scio, puis la cime du mont Elias qui les domine, et faisait voile pour le nord de l’Archipel.

À un marin, il ne faut qu’un coup d’œil et une demi-journée de navigation pour reconnaître la valeur de son navire. Le vent soufflait du nord-ouest, bon frais, et il ne fut point nécessaire de diminuer de toile. Le commandant d’Albaret put donc apprécier, dès ce jour-là, les excellentes qualités nautiques de la corvette.

« Elle rendrait ses perroquets à n’importe quel bâtiment des flottes combinées, lui dit le capitaine Todros, et elle les tiendrait même avec une brise à deux ris ! »

Ce qui, dans la pensée du brave marin, signifiait deux choses : d’abord qu’aucun autre voilier n’était capable de gagner la Syphanta de vitesse ; ensuite, que sa solide mâture et sa stabilité à la mer lui permettaient de conserver sa voilure par des temps qui eussent obligé tout autre navire à la réduire, sous peine de sombrer.

La Syphanta, au plus près, ses armures à tribord,