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campagne dans l’archipel.

piqua donc vers le nord, de manière à laisser dans l’est l’île de Métélin ou Lesbos, l’une des plus grandes de l’Archipel.

Le lendemain, la corvette passait au large de cette île, où, dès le début de la guerre, en 1821, les Grecs remportèrent un grand avantage sur la flotte ottomane.

« J’y étais, dit le capitaine Todros au commandant d’Albaret. C’était en mai. Nous étions soixante-dix bricks à poursuivre cinq vaisseaux turcs, quatre frégates, quatre corvettes, qui se réfugièrent dans le port de Métélin. Un vaisseau de 74 en partit pour aller chercher du secours à Constantinople. Mais nous l’avons rudement chassé, et il a sauté avec ses neuf cent cinquante matelots ! Oui ! j’y étais, et c’est moi qui ai mis le feu aux chemises de soufre et de goudron, dont nous avions revêtu sa carène ! Bonnes chemises, qui tiennent chaud, mon commandant, et que je vous recommande à l’occasion… pour messieurs les pirates ! »

Il fallait entendre le capitaine Todros raconter ainsi ses exploits avec la bonne humeur d’un matelot du gaillard d’avant. Mais ce que racontait le second de la Syphanta, il l’avait fait et bien fait.

Ce n’était pas sans raison qu’Henry d’Albaret, après avoir pris le commandement de la corvette,