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Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/235

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signaux sans réponse.

forçant de toile qu’en lui envoyant des projectiles ? C’était humiliant pour une aussi bonne marcheuse que la Syphanta !

La nuit se fit sur les entrefaites. La corvette se trouvait alors à peu près à la hauteur du cap Péristéra. La brise vint à fraîchir, assez sensiblement même pour qu’il fût nécessaire de rentrer les bonnettes et d’établir une voilure de nuit plus convenable.

La pensée du commandant était bien que, le jour venu, il n’apercevrait plus rien de ce navire, pas même l’extrémité de ses mâts que lui masquerait soit l’horizon dans l’est, soit un retour de la côte.

Il se trompait.

Au soleil levant, le brick était toujours là, sous la même allure, ayant conservé sa distance. On eût dit qu’il réglait sa vitesse sur celle de la corvette.

« Il nous aurait à la remorque, disait-on sur le gaillard d’avant, que ce serait tout comme ! »

Rien de plus vrai.

En ce moment, le brick, après avoir donné dans le canal Kouphonisi entre l’île de ce nom et la terre, contournait la pointe de Kakialithi, afin de remonter la partie orientale de la Crète.

Allait-il donc se réfugier dans quelque port, ou disparaître au fond de l’un de ces étroits canaux du littoral ?