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l’archipel en feu.

Morée avec un corps expéditionnaire de deux mille Français. L’exportation des prisonniers allait donc être notablement réduite à l’avenir. Aussi leur valeur vénale devait-elle s’accroître d’autant plus, à l’extrême satisfaction du cadi.

Pendant la matinée, les courtiers avaient visité le batistan, et ils savaient à quoi s’en tenir sur la quantité ou la qualité des captifs, dont le lot atteindrait sans doute de très hauts prix.

« Par Mahomet ! répétait un agent de Smyrne, qui pérorait au milieu d’un groupe de ses confrères, l’époque des belles affaires est passée ! Vous souvenez-vous du temps où les navires nous amenaient ici les prisonniers par milliers et non par centaines !

— Oui !… comme cela s’est fait après les massacres de Scio ! répondit un autre courtier. D’un seul coup, plus de quarante mille esclaves ! Les pontons ne pouvaient suffire à les renfermer !

— Sans doute, reprit un troisième agent, qui paraissait avoir un grand sens du commerce. Mais trop de captifs, trop d’offres, et trop d’offres, trop de baisse dans les prix ! Mieux vaut transporter peu à des conditions plus avantageuses, car les prélèvements sont toujours les mêmes, quoique les frais soient plus considérables !

— Oui !… en Barbarie surtout !… Douze pour cent