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Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/249

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une enchère à scarpanto.

du produit total au profit du pacha, du cadi ou du gouverneur !

— Sans compter un pour cent pour l’entretien du môle et des batteries des côtes !

— Et encore un pour cent, qui va de notre poche dans celle des marabouts !

— En vérité, c’est ruineux, aussi bien pour les armateurs que pour les courtiers ! »

Ces propos s’échangeaient ainsi entre ces agents, qui n’avaient pas même conscience de l’infamie de leur commerce. Toujours les mêmes plaintes sur les mêmes questions de droits ! Et ils auraient sans doute continué à se répandre en récriminations, si la cloche n’y eût mis fin, en annonçant l’ouverture du marché.

Il va sans dire que le cadi présidait à cette vente. Son devoir de représentant du gouvernement turc l’y obligeait, non moins que son intérêt personnel. Il était là, trônant sur une sorte d’estrade, abrité sous une tente que dominait le croissant du pavillon rouge, à demi couché sur de larges coussins avec une nonchalance tout ottomane.

Près de lui, le crieur public se disposait à faire son office. Mais il ne faudrait pas croire que ce crieur eût là l’occasion de s’époumoner. Non ! Dans ce genre d’affaires, les courtiers prenaient leur temps