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l’archipel en feu.

pour surenchérir. S’il devait y avoir quelque lutte un peu vive pour l’adjudication définitive, ce ne serait vraisemblablement que pendant le dernier quart d’heure de la séance.

La première enchère fut mise à mille livres turques par un des courtiers de Smyrne.

« À mille livres turques ! » répéta le crieur.

Puis, il ferma les yeux, comme s’il avait tout le loisir de sommeiller, en attendant une surenchère.

Pendant la première heure, les mises à prix ne montèrent que de mille à deux mille livres turques, soit environ quarante-sept mille francs en monnaie française. Les courtiers se regardaient, s’observaient, causaient entre eux de tout autre chose. Leur siège était fait d’avance. Ils ne hasarderaient le maximum de leurs offres que pendant les dernières minutes qui précéderaient le coup de canon de fermeture.

Mais l’arrivée d’un nouveau concurrent allait modifier ces dispositions et donner un élan inattendu aux enchères.

Vers quatre heures, en effet, deux hommes venaient de paraître sur le marché d’Arkassa. D’où venaient-ils ? De la partie orientale de l’île, sans doute, à en juger d’après la direction suivie par l’araba, qui les avait déposés à la porte même du batistan.

Leur apparition causa un vif mouvement de sur-