Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/310

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

302
l’archipel en feu.

coup, qui venait de frapper son fils, elle eût voulu le détourner… On la vit alors s’approcher du corps de Nicolas Starkos, s’agenouiller, comme pour lui donner un dernier pardon dans un dernier adieu… Puis, elle tomba à son tour.

Henry d’Albaret s’élança vers elle…

« Morte ! dit-il. Que Dieu pardonne au fils par pitié pour la mère ! »

Cependant quelques-uns des pirates, qui étaient dans les embarcations, avaient pu accoster un des bricks. La nouvelle de la mort de Sacratif se répandit aussitôt. Il fallait le venger, et les canons de la flottille recommencèrent à tonner contre la Syphanta. Ce fut en vain, cette fois. Henry d’Albaret avait repris le commandement de la corvette. Ce qui restait de son équipage — une centaine d’hommes — se remit aux pièces de la batterie et aux caronades du pont qui répondirent victorieusement aux bordées des pirates.

Bientôt, un des bricks — celui-là même sur lequel Sacratif avait arboré son pavillon noir — fut atteint à la ligne de flottaison, et il coula au milieu des horribles imprécations des bandits de son bord.