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tozeur et nefta.

que les travaux soient repris et que les ouvriers embauchés par la Société nouvelle soient revenus !…

— Et quel coup de force ?… demanda M. de Schaller.

— Ne pourraient-ils donc, monsieur l’ingénieur, se réunir à plusieurs milliers et essayer d’obstruer le canal sur une partie de son parcours, de rejeter dans son lit le sable des berges, d’empêcher sur un seul point, à force de bras, le passage des eaux du golfe ?… »

Et M. de Schaller de répondre :

« Ils auraient plus de peine à le combler que nos prédécesseurs n’en ont eu à le creuser, et, en fin de compte, ils n’y réussiraient pas sur une bien grande largeur…

— Ce n’est pas toujours le temps qui leur manquerait ! fit observer le commandant. Ne dit-on pas qu’une dizaine d’années seront nécessaires pour le remplissage des chotts ?…

— Non, commandant, non, affirma l’ingénieur. J’ai déjà exprimé mon opinion à cet égard, et elle ne repose pas sur des données fausses, mais sur des calculs exacts. Avec l’aide d’un grand travail de main d’homme, et surtout le concours de puissantes machines, comme celles que nous possédons aujourd’hui, ce n’est pas dix ans, ce n’est même pas cinq ans qu’exigera l’inondation du Rharsa et du Melrir… Les eaux sauront à la fois élargir et approfondir le lit qui leur fut ouvert. Qui sait même si Tozeur, bien que distant du chott de quelques kilomètres, ne sera pas port de mer un jour et relié avec La Hammâ sur le Rharsa ? Et c’est ce qui explique même la nécessité de certains travaux de défense auxquels j’ai dû songer, comme aux avant-projets de ports, au nord comme au sud, qui sont un des buts importants de ce voyage. »

Étant donné l’esprit méthodique et sérieux de M. de Schaller, il y avait lieu de croire qu’il ne s’abandonnait pas à de chimériques espérances.

Le capitaine Hardigan posa alors quelques questions relatives