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l’invasion de la mer

au chef touareg qui s’était évadé du bordj de Gabès. Sa présence avait-elle été signalée aux environs de l’oasis ?… Avait-on des nouvelles de la tribu à laquelle il appartenait ?… Les indigènes du Djerid savaient-ils actuellement que Hadjar eût recouvré sa liberté ?… N’y avait-il pas lieu de se demander s’il ne chercherait pas à soulever des Arabes contre le projet de la mer Saharienne ?…

« Sur ces questions, répondit l’officier qui commandait la place, je ne puis vous renseigner avec quelque certitude ; que la nouvelle de l’évasion de Hadjar ait été connue dans l’oasis, nul doute, et elle y a fait autant de bruit que sa capture, à laquelle vous avez pris part, capitaine. Mais si l’on ne m’a pas rapporté que ce chef ait été vu aux environs de Tozeur, du moins ai-je appris que toute une bande de Touareg se dirigeait vers la partie du canal qui réunit le chott Rharsa au chott Melrir.

— Vous avez des raisons de croire à l’exactitude de cette nouvelle ? demanda le capitaine Hardigan.

— Oui, capitaine, parce que je la tiens d’un de ces individus qui sont restés dans le pays où ils avaient travaillé et qui se disent ou se croient des surveillants ou des gardes des travaux, et espèrent ainsi, sans doute, se créer quelques titres à la bienveillance de l’administration.

— Travaux en somme achevés, ajouta M. de Schaller, mais dont la surveillance devrait être très active. Si les Touareg tentent quelque agression contre le canal, c’est sur ce point plus particulièrement qu’ils porteront leurs efforts.

— Et pourquoi ?… interrogea le commandant.

— Parce que l’inondation du Rharsa les surexcite moins que l’inondation du Melrir. Ce premier chott ne renferme aucune oasis de quelque valeur, tandis qu’il n’en est pas ainsi du second, où des oasis très importantes doivent disparaître sous les eaux de la nouvelle mer. Il faut donc s’attendre à des attaques, précisément contre le second canal, qui met en communication les