deux chotts. Aussi est-il nécessaire de prendre des mesures militaires en prévision d’agressions possibles.
— Quoi qu’il en soit, fit alors le lieutenant Villette, notre petite troupe aura à se tenir sur le qui-vive, après avoir parcouru le Rharsa…
— Et elle n’y manquera pas, déclara le capitaine Hardigan. Nous avons une première fois pris ce Hadjar, nous saurons bien le capturer une seconde, et le mieux garder qu’on ne l’a fait à Gabès, en attendant qu’un conseil de guerre en ait à tout jamais débarrassé le pays.
— C’est à souhaiter, et le plus tôt possible, ajouta le commandant, car ce Hadjar a une grande influence sur les tribus nomades et il pourrait soulever tout le Djerid. En tout cas, un des avantages de la mer nouvelle sera de faire disparaître du Melrir quelques-uns de ces repaires de malfaiteurs… »
Mais non tous, car, dans ce vaste chott, d’après les nivellements du capitaine Roudaire, se rencontraient diverses zones, telles l’Hinguiz et sa principale bourgade de Zenfig, que les eaux ne devaient pas recouvrir.
La distance qui sépare Tozeur de Nefta est de vingt-cinq kilomètres environ et l’ingénieur comptait employer deux journées à la franchir, en campant la nuit prochaine sur une des rives du canal. Dans cette section, dont le tracé n’était pas conforme à celui de Roudaire, et amenait la transformation de la région de Tozeur et de Nefta, à la grande satisfaction de leurs habitants, en une sorte de presqu’île entre le Djerid et le Rharsa, le travail était entièrement terminé et, là encore, tout était en bon état.
La petite troupe quitta Tozeur, dès le matin du 1er avril par un temps incertain qui, sous des latitudes moins élevées, eût provoqué d’abondantes averses. Mais, en cette portion de la Tunisie, de telles pluies n’étaient point à craindre, et les nuages, très élevés, tempéreraient certainement l’ardeur du soleil.
On suivit d’abord les berges de l’oued Berkouk, en traversant