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l’invasion de la mer

une route assez dangereuse sur un sol peu ferme ; mais elle est plus courte et même moins difficile qu’un cheminement le long des rives encombrées de dunes. C’est pourtant celui que nous effectuerons dans la direction de l’ouest jusqu’au point où commence le second canal ; puis, au retour, après avoir relevé les limites du Melrir, nous pourrons côtoyer la limite septentrionale du Rharsa et regagnerons Gabès plus rapidement que nous n’en sommes venus. »

Tel était le plan adopté, et, après la reconnaissance des deux canaux, l’ingénieur aurait contourné tout le périmètre de la nouvelle mer.

Le lendemain, M. de Schaller et les deux officiers prirent la tête du détachement. Coupe-à-cœur gambadait en avant, faisant lever des bandes d’étourneaux qui s’enfuyaient avec un morne froufrou d’ailes. On suivait la base intérieure des hautes dunes qui formaient le cadre du chott. Ce n’était pas de ce côté que, d’après certaines appréhensions, la nappe liquide aurait pu s’étendre en dépassant les bords de la dépression. Ses rives élevées, à peu près semblables au bourrelet du seuil de Gabès, étaient de nature à ne point céder à la pression des eaux, et il y avait toute sécurité pour cette partie méridionale du Djerid.

Le campement avait été levé dès les premières heures du jour. La marche se reconstitua dans l’ordre habituel. Le parcours quotidien ne devait point être modifié et garderait sa moyenne de douze à quinze kilomètres en deux étapes.

Ce que M. de Schaller voulait surtout vérifier, c’était le littoral qui allait encaisser les eaux de la nouvelle mer, et s’il n’était pas à craindre que, franchissant son cadre, celui-ci n’envahît les régions voisines. Aussi la petite troupe suivait-elle la base des dunes sablonneuses qui se succédaient le long du chott, en direction de l’ouest. Il semblait bien, d’ailleurs, que l’homme n’avait pas eu à modifier l’œuvre de la nature à ce point de vue. Que le Rharsa autrefois eût été lac ou non, il était disposé pour l’être,