— Sans doute, ajouta le lieutenant Villette, mais ici… personne pour nous renseigner !… Peut-être, en battant la campagne, retrouverions-nous quelques indigènes qui pourraient, s’ils le voulaient, nous fournir des renseignements…
— En tout cas, reprit le capitaine Hardigan, il ne s’agit plus de continuer la reconnaissance du Melrir, il faut décider si nous irons à Biskra ou si nous retournerons à Gabès. »
M. de Schaller se montrait fort perplexe. Une éventualité se présentait qui n’avait pu être prévue ; et, ce qui s’imposait et dans le délai le plus court, c’était la réfection du canal, et les mesures à prendre pour le mettre à l’abri de toute nouvelle attaque. Mais, comment songer à cela, avant de se mettre à la recherche du personnel ouvrier, dont l’absence l’avait si vivement ému dès son arrivée au deuxième canal !
Quant à la raison qui avait poussé les indigènes de cette région à bouleverser les travaux, nul doute que ce fût le mécontentement provoqué par la prochaine inondation des chotts algériens. Et qui sait s’il n’en résulterait pas un soulèvement général des tribus du Djerid, et si la sécurité serait jamais assurée sur ce parcours de quatre cents kilomètres entre le fond du Melrir et le seuil de Gabès ?…
« Dans tous les cas, dit alors le capitaine Hardigan, et quelque parti que nous prenions, campons en cet endroit, et demain on se remettra en route. »
Il n’y avait rien de mieux à faire. Après une étape assez fatigante sous un ciel de feu, la halte s’imposait jusqu’au matin. Ordre fut donc donné de dresser les tentes, de disposer le convoi, de laisser liberté aux chevaux à travers le pâturage de l’oasis, en se gardant comme d’habitude. Il ne semblait pas, d’ailleurs, que le détachement fût menacé de quelque danger. L’attaque du chantier devait remonter à plusieurs jours. En somme, l’oasis de Goléah et ses environs paraissaient absolument déserts.
Tandis que l’ingénieur et les deux officiers s’entretenaient à ce