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au kilomètre 347.

sujet, ainsi que cela vient d’être dit, le maréchal des logis-chef et deux spahis s’étaient dirigés vers l’intérieur de l’oasis. Coupe-à-cœur accompagnait son maître. Il allait, furetant du nez sous les herbes, et son attention ne semblait pas éveillée, lorsque, soudain, il s’arrêta, redressa la tête, dans l’attitude d’un chien qui tombe en arrêt.

Était-ce quelque gibier courant à travers le bois et que Coupe-à-cœur avait senti ?… Quelque fauve, lion ou panthère, prêt à bondir ?…

Le maréchal des logis-chef ne s’y trompa pas. À la façon d’aboyer de l’intelligent animal, il comprenait ce que celui-ci voulait dire.

« Il y a quelques rôdeurs par là, déclara-t-il, et si l’on pouvait en pincer un !… »

Coupe-à-cœur allait s’élancer, mais son maître le retint. Si un indigène venait de ce côté, il ne fallait pas le mettre en fuite. Il avait dû, d’ailleurs, entendre les aboiements du chien, et peut-être ne cherchait-il pas à se cacher…

Nicol ne tarda point à être fixé sur ce point. Un homme, un Arabe s’avançait entre les arbres, observant à droite, à gauche, sans s’inquiéter d’être vu ou non. Et, dès qu’il aperçut les trois hommes, il alla vers eux d’un pas tranquille.

C’était un indigène, âgé de trente à trente-cinq ans, vêtu comme ces ouvriers de la basse Algérie, embauchés ici ou là, au hasard des travaux, ou au temps des moissons, et Nicol se dit que de cette rencontre son capitaine pourrait peut-être tirer profit. Il était bien décidé à lui amener cet indigène de gré ou de force, lorsque celui-ci, le devançant, demanda :

« Il y a des Français par ici ?…

— Oui… un détachement de spahis, répondit le maréchal des logis-chef.

— Conduisez-moi au commandant ! » se contenta de dire l’Arabe.

Nicol, précédé de Coupe-à-cœur, qui poussait quelques sourds grognements, revint donc sur la lisière de l’oasis. Les deux