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l’invasion de la mer

indigènes, on le répète, ne pourraient rien contre cette grande œuvre des continuateurs de Roudaire.

Comme il importait que, dès le premier jour, le ravitaillement du chantier du kilomètre 347 fût assuré, l’ingénieur et le capitaine Hardigan furent d’accord pour envoyer des messagers à Nefta ou Tozeur. Ils firent choix des deux conducteurs de chariots, qui connaissaient parfaitement la route pour l’avoir souvent parcourue avec le personnel des caravanes. C’étaient deux Tunisiens auxquels on pouvait accorder toute confiance. En partant, le lendemain, dès l’aube, ces hommes montant leurs propres bêtes atteindraient assez rapidement la bourgade qui pourrait faire parvenir quelques jours plus tard des vivres au Melrir. Ils seraient porteurs de deux lettres, une de l’ingénieur pour un des employés supérieurs de la Compagnie, une autre du capitaine Hardigan pour le commandant militaire de Tozeur.

Après le repas du matin, pris sous la tente, à l’abri des premiers arbres de l’oasis, M. de Schaller dit au capitaine :

« Maintenant, mon cher Hardigan, laissons Pistache, M. François et nos hommes procéder aux dernières installations… Je voudrais me rendre un compte plus exact des réparations à faire sur cette dernière section du canal… »

Il la parcourut sur toute son étendue afin d’évaluer la quantité des déblais qui avaient été rejetés à l’intérieur.

Et, à ce propos, il dit à son compagnon :

« Assurément, ces indigènes étaient en grand nombre, et je m’explique que Pointar et son personnel n’aient pu leur résister…

— Mais, cependant, il ne suffit pas que ces Arabes, Touareg ou autres, soient venus en force ; les ouvriers une fois chassés, comment ont-ils pu bouleverser les travaux à ce point, rejeter tant de matériaux dans le lit du canal ?… Cela a dû exiger un temps assez long, au contraire de ce que nous a affirmé Mézaki.

— Je ne puis l’expliquer que de cette façon, répliqua M. de