Schaller. Il n’y avait pas à creuser, mais à combler et à ébouler les berges dans le lit du canal. Comme il n’y avait là que des sables, avec du matériel que Pointar et ses hommes ont dû abandonner dans leur fuite précipitée, et peut-être aussi avec celui d’autrefois, la besogne a été beaucoup plus simple que je ne l’aurais cru.
— Dans ce cas, expliqua le capitaine Hardigan, quelque quarante-huit heures auront suffi…
— Je le pense, répondit l’ingénieur, et j’estime que les réparations pourraient s’effectuer en quinze jours au plus.
— C’est heureux, observa le capitaine, mais il est une mesure qui s’impose : c’est de protéger le canal jusqu’à la complète inondation des deux chotts, dans cette section du grand chott au Melrir comme dans toutes les autres. Ce qui s’est passé ici pourrait se reproduire ailleurs. Il est certain que les populations du Djerid, et plus particulièrement les nomades, ont la tête montée, que les chefs de tribus les excitent contre cette création d’une mer intérieure, et des agressions de leur part sont toujours à redouter… Aussi, les autorités militaires devront-elles être prévenues. Avec les garnisons de Biskra, de Nefta, de Tozeur, de Gabès, il ne sera pas difficile d’établir une surveillance effective, et de mettre les travaux à l’abri d’un nouveau coup de main. »
C’était, en somme, ce qu’il y avait de plus urgent, et il importait que le Gouverneur général de l’Algérie et le Résident général en Tunisie fussent mis sans retard au courant de la situation. Ils auraient à sauvegarder les divers intérêts engagés dans cette grande affaire.
Il est certain toutefois — ainsi le répéta l’ingénieur — que la mer Saharienne, lorsqu’elle serait en exploitation, se défendrait seule. Mais, ne point oublier qu’au début de l’entreprise on estimait que l’inondation des dépressions Rharsa et Melrir ne demanderait pas moins d’une période de dix années. Puis, après une étude plus approfondie des terrains, cette période fut réduite