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l’invasion de la mer

ment qui aura peut-être son bon côté. – Les Bédouins du désert n’ont-ils pas été de bons collaborateurs lors du percement de l’isthme de Suez ? – Pour le moment ils semblent donc tranquilles, mais gardent l’œil ouvert, et il ne faudrait pas trop se fier à leur apparente inertie. Avec un soldat brave et expérimenté comme le capitaine Hardigan, sûr des hommes qu’il commande, et très au courant des mœurs et coutumes des bizarres habitants de ces contrées, croyez-moi, nous n’aurons rien à craindre. Au retour nous vous communiquerons des observations absolument précises, et nous établirons, avec une stricte exactitude, le devis de l’achèvement de l’entreprise. De la sorte vous pourrez vous associer à la gloire et, j’ose le dire, au bénéfice d’une entreprise grandiose, aussi heureuse que patriotique, condamnée dans ses débuts, mais que, grâce à vous, nous réaliserons, pour l’honneur et la prospérité de la patrie qui nous aidera et qui, comme déjà dans le Sud-Oranais, saura faire, des tribus encore hostiles, les gardiens les plus fidèles et les plus sûrs de notre incomparable conquête sur la nature.

« Messieurs, vous savez qui je suis, et vous savez aussi quelles forces j’apporte à cette grande œuvre, forces financières et forces intellectuelles dont l’union étroite a raison de tous les obstacles. Nous réussirons, groupés autour de la Société nouvelle, je vous le garantis, là où ont échoué nos devanciers, moins bien armés que nous, et c’est ce que j’ai tenu à vous dire avant mon départ pour le sud. Avec une entière confiance dans le succès et une constante énergie, dont vous ne doutez pas, le reste ira de soi et c’est ainsi que, cent ans après que le drapeau français fut planté sur la kasbah d’Alger, nous verrons notre flottille française évoluer sur la mer Saharienne et ravitailler nos postes du désert. »