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INAUGURATION.

ment, et maintenant, au début de la saison d’été, il y avait lieu d’espérer qu’il ne se produirait que des troubles passagers dans les parages magellaniques.

Il était sept heures, lorsque le capitaine Lafayate et le second officier Riegal sortirent de leurs cabines, situées en abord de la dunette, à l’arrière de l’aviso. Les matelots finissaient le lavage du pont, et les dernières eaux repoussées par les hommes de service s’écoulaient à travers les dalots. En même temps le premier maître prenait ses dispositions pour que tout fût paré, lorsque arriverait l’heure de l’appareillage. Bien qu’il ne dût s’effectuer que dans l’après-midi, on enlevait les étuis des voiles, on fourbissait les manches à air, les cuivres de l’habitacle et des claires-voies, on hissait le grand canot sur ses pistolets, le petit restant à flot pour le service du bord.

Lorsque le soleil se leva, le pavillon monta à la corne de brigantine.

Trois quarts d’heure plus tard, quatre coups furent piqués à la cloche de l’avant, et les matelots de quart prirent leur bordée.

Après avoir déjeuné ensemble, les deux officiers remontèrent sur la dunette, examinèrent l’état du ciel assez dégagé par la brise de terre, et donnèrent l’ordre au maître de les débarquer.

Pendant cette matinée, le commandant voulait inspecter une dernière fois le phare et ses annexes, le logement des gardiens, les magasins qui renfermaient les provisions et le combustible, s’assurer enfin du bon fonctionnement des appareils.

Il descendit donc sur la grève, accompagné de l’officier, et se dirigea vers l’enceinte du phare.

En s’y rendant, ils s’inquiétaient de ces trois hommes qui allaient rester dans la morne solitude de l’Île des États.

« C’est vraiment dur, dit le capitaine. Toutefois, il faut tenir compte de ce que ces braves gens ont toujours mené une existence très rude, étant pour la plupart d’anciens marins. Pour eux, le service d’un phare, c’est un repos relatif.