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Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/395

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APRÈS LE NAUFRAGE.

en admettant qu’elle eût atteint la hauteur du cap San Juan, jamais elle n’aurait pu s’élever au large.

À cet instant, dans une courte accalmie, des cris se firent entendre. C’était un appel douloureux jeté par une voix à demi éteinte.

Vasquez s’élança dans la direction de cette voix, du côté de la première cavité où il s’était réfugié, près de la caverne.

Il avait fait au plus une cinquantaine de pas, lorsqu’il aperçut un homme étendu au pied d’une roche. Sa main s’agitait comme pour demander assistance.

En une seconde, Vasquez fut près de lui.

L’homme qui gisait là pouvait avoir de trente à trente-cinq ans et paraissait vigoureusement constitué. Vêtu d’un costume de marin, couché sur le côté droit, les yeux clos, la respiration haletante, il était agité de soubresauts convulsifs. Il ne paraissait pas, d’ailleurs, avoir été blessé, et aucune trace de sang ne souillait ses habits.

Cet homme, peut-être le seul survivant du Century, n’avait pas entendu s’approcher Vasquez. Cependant, lorsque celui-ci appuya la main sur sa poitrine, il fit, pour se redresser, un inutile effort, et, trop faible, il retomba sur le sable. Mais ses yeux s’étaient ouverts un instant, et les mots : « À moi !… à moi !… » s’étaient échappés de ses lèvres.

Vasquez, agenouillé près de lui, l’accota contre la roche avec précaution, répétant :

« Mon ami… Mon ami… je suis là… Regardez-moi !… Je vous sauverai… »

Tendre la main, c’est tout ce que parvint à faire ce malheureux, qui perdit aussitôt connaissance.

Il fallait sans retard lui donner les soins qu’exigeait son état d’extrême faiblesse.

« Dieu fasse qu’il soit temps encore ! » se dit Vasquez.

Tout d’abord, quitter cette place. À chaque instant la bande