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Page:Verne - L’Invasion de la mer - Le Phare du bout du monde, Hetzel, 1905.djvu/394

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LE PHARE DU BOUT DU MONDE.

ou ils s’étaient noyés au moment où le Century se fracassait sur les roches.

Vasquez redescendit sur la grève, s’assura de nouveau que ni Kongre ni aucun de ses compagnons ne se dirigeaient vers le lieu du naufrage, puis il remonta, malgré la bourrasque, jusqu’à l’extrémité du cap San Juan.

« Peut-être, se disait-il, trouverai-je un des hommes du Century respirant encore, et pourrai-je le secourir ?… »

Ses recherches furent vaines. Revenu sur le littoral, Vasquez se mit à examiner les épaves de toute sorte que la houle y avait jetées.

« Il n’est pas impossible, pensait-il, que je trouve quelque caisse de conserves qui assurera ma nourriture pendant deux ou trois semaines !… »

Il eut bientôt recueilli, en effet, un baril et une caisse, que la mer avait lancés au delà des récifs. Ce qu’ils contenaient était inscrit à l’extérieur. La caisse renfermait une provision de biscuit, le baril, une provision de corn-beef. C’étaient le pain et la viande assurés pour deux mois au moins.

Vasquez transporta d’abord la caisse à la grotte, distante de deux cents mètres au plus, puis il y roula le baril.

Il retourna ensuite à l’extrémité du cap jeter un coup d’œil sur la baie. Il ne doutait pas que Kongre n’eût connaissance du naufrage. La veille, avant la nuit, il avait pu voir du haut du phare ce navire qui courait vers la terre. Or, du moment que la Maule était bloquée dans la crique, la bande accourrait certainement à l’entrée de la baie d’Elgor prendre sa part du naufrage. S’il y avait quelques débris à recueillir, peut-être des valeurs, comment ces pillards laisseraient-ils échapper une telle occasion ?

Vasquez, au moment où il atteignit le tournant de la falaise, fut surpris de la violence du vent qui s’engouffrait dans la baie.

Il aurait été impossible à la goélette de gagner contre lui, et,