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LA CHASSE AU MÉTÉORE

imagination, les choses ne seraient peut-être pas ce qu’elles sont.

— Malheureusement, il n’en a pas été ainsi. Vous n’avez pas eu à sacrifier votre fortune pour m’éviter la ruine.

— Je l’aurais fait, Mr Stanfort. De votre côté, il ne vous a pas été donné de sauver ma vie au péril de la vôtre.

— Je n’eusse point hésité, Mrs Arcadia.

— J’en suis convaincue, mais l’occasion ne s’est pas présentée. Étrangers nous étions l’un à l’autre, étrangers nous sommes restés.

— Déplorablement exact.

— Nous avions cru avoir les mêmes goûts, à tout le moins en ce qui concerne les voyages…

— Et nous n’avons jamais pu être d’accord sur la direction à prendre !

— En effet, quand je désirais aller vers le Sud, votre désir était d’aller vers le Nord.

— Et lorsque mon intention était d’aller vers l’Ouest, la vôtre était d’aller vers l’Est !

— Cette affaire du bolide a fait déborder la coupe.

— Elle l’a fait déborder.

— Car vous êtes toujours décidé, n’est-il pas vrai, à vous ranger du parti de Mr Dean Forsyth ?

— Absolument décidé.

— Et à vous mettre en route pour le Japon, afin d’assister à la chute du météore ?

— En effet.

— Or, comme je suis, moi, résolue à suivre l’opinion du docteur Sydney Hudelson…

— Et à vous rendre en Patagonie…

— Il n’y a pas de conciliation possible.

— Il n’y en a pas.

— Nous n’avons donc qu’une chose à faire.

— Une seule !

— C’est de nous rendre devant le juge, monsieur.

— Je vous suis, madame. »

Tous deux, sur la même ligne, à la distance de trois pas, se dirigèrent vers la maison de Mr Proth, suivis à distance respectueuse par la femme de chambre Bertha.

La vieille Kate se tenait sur la porte.