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LA CHASSE AU MÉTÉORE

M. Lecœur, très intéressé, concentrait toute son attention pour suivre ce curieux exposé.

« La seule chose un peu délicate, reprit Zéphyrin Xirdal, c’est de régler la longueur d’onde du courant neutre hélicoïdal. S’il atteint l’objet que l’on désire influencer, il le repousse, au lieu de l’attirer. Il faut donc qu’il expire à une certaine distance de cet objet, mais le plus près possible, de telle sorte que l’énergie libérée rayonne dans son voisinage immédiat.

— Mais, pour faire rouler le bolide à la mer, il faut le pousser et non l’attirer, objecta M. Lecœur.

— Oui et non, répondit Zéphyrin Xirdal. Suivez-moi bien, mon oncle. Je connais la distance précise qui nous sépare du bolide. Cette distance est exactement de cinq cent onze mètres quarante-huit centimètres. Je règle la portée de mon courant en conséquence. »

Tout en parlant Xirdal manœuvrait un rhéostat intercalé dans le circuit entre la source électrique et la machine.

« Voilà qui est fait, reprit-il. Maintenant, le courant meurt à moins de trois centimètres du bolide, du côté de sa convexité nord-est. L’énergie libérée l’entoure donc sur cette face d’un intense rayonnement. Cela, toutefois, ne serait peut-être pas suffisant pour mouvoir une pareille masse si intimement adhérente au sol. Aussi, pour plus de prudence, vais-je employer deux autres moyens accessoires. »

Xirdal plongea la main dans l’intérieur de la machine. Aussitôt l’une des deux nouvelles ampoules se mit à crépiter furieusement.

« Vous remarquerez, mon oncle, dit-il sous forme de commentaire, que cette ampoule ne tourne pas comme l’autre. C’est que son effet est d’une autre nature. Les effluves qu’elle émet sont particulières. Nous les appellerons, si vous le voulez bien, courants neutres rectilignes, pour les différencier des précédentes. La longueur de ces courants rectilignes n’a pas besoin d’être réglée. Ils s’en iraient, invisibles, dans l’infini, si je ne les projetais sur la convexité sud-ouest du météore qui les arrête. Je ne vous conseille pas de vous placer sur leur passage. Vous ramasseriez une fameuse pelle, comme disent les gens atteints de sportmanie, d’où l’on a fait évidemment sportman. Mais revenons à nos moutons. Que sont ces courants rectilignes ? Pas autre chose, comme les hélicoïdaux, et d’ailleurs comme tout