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LA CHASSE AU MÉTÉORE

autre trouvée en Syrie et consacrée au culte du soleil ; le bouclier sacré recueilli sous le règne de Numa ; la pierre noire que l’on garde précieusement à la Mecque ; la pierre de tonnerre qui servit à fabriquer la fameuse épée d’Antar. Depuis le commencement de l’ère chrétienne, que d’aérolithes décrits avec les circonstances qui accompagnèrent leur chute : une pierre de deux cent soixante livres tombée à Ensisheim, en Alsace ; une pierre d’un noir métallique, ayant la forme et la grosseur d’une tête humaine, tombée sur le mont Vaison, en Provence ; une pierre de soixante-douze livres, dégageant une odeur sulfureuse, qu’on eût dit faite d’écume de mer, tombée à Larini, en Macédoine ; une pierre tombée à Lucé, près de Chartres, en 1763, et brûlante à ce point qu’il fut impossible de la toucher. N’y aurait-il pas lieu de citer également ce bolide qui, en 1203, atteignit la ville normande de Laigle et dont Humboldt parle en ces termes : « À une heure de l’après-midi, par un ciel très pur, on vit un grand bolide se mouvant du Sud-Est au Nord-Ouest. Quelques minutes après, on entendit, durant cinq ou six minutes, une explosion partant d’un petit nuage noir presque immobile, explosion qui fut suivie de trois ou quatre autres détonations et d’un bruit que l’on aurait pu comparer à des décharges de mousqueterie, auxquelles se serait mêlé le roulement d’un grand nombre de tambours. Chaque détonation détachait du nuage noir une partie des vapeurs qui le formaient. On ne remarqua en cet endroit aucun phénomène lumineux. Plus de mille pierres météoriques tombèrent sur une surface elliptique dont le grand axe, dirigé du Sud-Est au Nord-Ouest, mesurait onze kilomètres de longueur. Ces pierres fumaient et elles étaient brûlantes sans être enflammées, et l’on constata qu’elles étaient plus faciles à briser quelques jours après leur chute que plus tard. »

Le Daily Whaston continuait sur ce ton pendant plusieurs colonnes, et se montrait prodigue de détails qui prouvaient à tout le moins la conscience de ses rédacteurs.

Les autres journaux, d’ailleurs, ne demeuraient pas en arrière. Puisque l’astronomie était d’actualité, tous parlaient d’astronomie, et si, après cela, un seul Whastonien n’était pas ferré sur la question des bolides, c’est qu’il y aurait mis de la mauvaise volonté.

Aux renseignements donnés par le Daily Whaston, le Whaston