— Préoccupé au point que vous paraissez avoir oublié une chose importante…
— Oublié une chose importante ?… Et laquelle ?
— C’est que votre neveu va se marier.
— Se marier !… Se marier !
— N’allez-vous pas me demander de quel mariage il s’agit ?
— Non, Mitz !… Mais à quoi tendent ces questions ?
— Belle malice !… Il ne faut pas être sorcier pour savoir qu’on fait une question pour avoir une réponse.
— Une réponse à quel sujet, Mitz ?
— Au sujet de votre conduite, monsieur, envers la famille Hudelson !… Car vous n’ignorez pas qu’il y a une famille Hudelson, un docteur Hudelson, qui demeure Moriss street, une Mrs Hudelson, mère de miss Loo Hudelson et de miss Jenny Hudelson, fiancée de votre neveu ? »
À mesure que ce nom de Hudelson s’échappait, en prenant chaque fois plus de force, de la bouche de Mitz, Mr Dean Forsyth portait la main à sa poitrine, à son côté, à sa tête, comme si ce nom, faisant balle, l’avait frappé à bout portant. Il souffrait, il suffoquait, le sang lui montait à la tête. Voyant qu’il ne répondait pas :
« Eh bien ! avez-vous entendu ? insista Mitz.
— Si j’ai entendu ! s’écria son maître.
— Eh bien ?… répéta la vieille servante en forçant sa voix.
— Francis pense donc toujours à ce mariage ? dit enfin Mr Forsyth.
— S’il y pense ! affirma Mitz, mais comme il pense à respirer, le cher petit ! Comme nous y pensons tous, comme vous y pensez vous-même, j’aime à le croire !
— Quoi ! mon neveu est toujours décidé à épouser la fille de ce docteur Hudelson ?
— Miss Jenny, s’il vous plaît, monsieur ! Je vous en donne mon billet, monsieur, qu’il l’est, décidé ! Pardine, il faudrait qu’il ait perdu la boussole pour ne pas l’être, décidé ! Comment trouverait-il une fiancée plus gentille, une jeunesse plus charmante ?…
— En admettant, interrompit Mr Forsyth, que la fille de l’homme qui… de l’homme que… de l’homme, enfin, dont je ne puis prononcer le nom sans qu’il m’étouffe, puisse être charmante.