Page:Verne - La Chasse au meteore version originale.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

La Société Jules Verne, soucieuse de faire lire le texte authentique de /’écrivain, a déjà transcrit et publié dans sa version originale Le Secret de Wilhelm Storitz.

Deuxième œuvre posthume à voir le jour, La Chasse au météore, roman fantaisiste, permet à Jules Verne d’exprimer à nouveau son méprispour l’or, ce "vil métal", qu’il ne cesse de poursuivre de ses malédictions depuis son premier roman (Cinq semaines en ballon) jusqu’aux derniers (En Magellanie, Le Volcan d’or et La Chasse au météore) en passant par Hector Servadac<3>. Il reconnaît cependant dans La Chasse que "ce métal (est) vil pour ceux qui n’ont rien, précieux pour ceux qui ont tout". Une fois de plus, Michel Verne n’utilise que la frappe de 1905 pour récrire l’œuvre. Il laisse ainsi passer de nombreuses erreurs. Un seul exemple : dans la version de Michel, on reçoit Francis Gordon "comme s’il eût été le dieu de la maison", alors que Jules Verne avait plus simplement écrit : "comme s’il eût été le fils de la maison,, (ch . Ill).

Pour une fois, les différents ajouts de Michel n’ont pas besoin d’être relevés puisqu’on dispose d’un étonnant document, trouvé chez les descendants de l’éditeur Hetzel par Piero Gondola della Riva : la liste de tous les changements de Michel Verne pour cette œuvre (Europe, Nov./Déc. 1978). Ce catalogue des modifications ne signale cependant pas tout. Deux thèmes, qui constituent /’ossature du roman, sont en partie écornés : la critique des mœursaméricaines et les réflexions sur le mariage.

La Chasse au météore reprend certaines critiques déjà exposées dans Le Humbug<4>. La liberté des mœurs américaines, qui laisse les jeunesfilles se promener seules, agir à leur guise, gérer leurfortune à leur convenance, paraît très étonnante auxyeux de/’auteur. Ainsi, la jeune Loo ira seule - et de sa propre initiative - tenter une conciliation avec Dean Forsyth (épisode supprimé par Michel Verne). Après seulement deux mois de mariage, Mrs Stan/ort en décide la rupture. Son mari lui reproche cette liberté des mœurs, facteur d’instabilité des mariages :

"j’ai toujours été dans la vie une indépendante (dit Mrs Stanfort), n’ayant jamais d’autre loi que ma seule volonté...

— Je m’en suis aperçu, Madame, et, au surplus, cette éducation est celle que reçoivent nombre de jeunes Américaines... Je ne la blâme ni l’approuve, mais erifin... elle ne prépare pas heureusement auxobligations du mariage... " (ch . X). (3) Voir "Le choc de Gallia choque Hetzel", BSJV n ° 75, pp. 220..22 1. (4) Mœurs américaines - Le Humbug, BSJV n° 76, pp. 258-277. 6