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Le mariage à l’américaine, provoque chez l’auteur un étonnement, mêlé d’envie, devant la facilité avec laquelle le divorce peut ensuite être obtenu. Se séparer à l’amiable lui paraît aussi extraordinaire qu’un mariage à cheval : "un divorce aussi original que le fut leur mariage", écrit-il (ch. XIV). Là encore, Michel Verne croit nécessaire de chercher des raisons de séparation et il oppose les époux à propos des deux astronomes, dont, bien entendu, ils se moquent.

Enfin, et surtout, Michel Verne refuse de laisser le hasard décider du cours des événements, et il in vente un personnage de savant qui impose sa volonté sur le déroulement de l’action. Cela pourconserver à Jules Verne son caractère d’écrivain scientifique. Or, l’introduction de ce Zéphirin Xirdal alourdit toute l’œuvre. Pourquoi mettre du sérieux dans une œuvre qui se veut gaie, ironique et fantaisiste, "une histoire purement imaginaire", comme conclut l’auteur lui-même dans le titre de son dernier chapitre XVII ; aveu supprimé par Michel Verne qui, jusqu’au bout, tient à rester raisonnable. A vrai dire, le fils de /’écrivain est ravi de faire du "jules-verne" et - comme l’a trouvé Volker Dehs dans une lettre de Michel au fils Hetzel - il est fier de voir ses personnages appréciés par la critique du temps - vanité d’auteur, bien compréhensible : ... "non seulement aucune critique n’a été faite par personne touchant l’authenticité de ces œuvres posthumes, mais encore au moins un article très élogieux a été écrit sur La Chasse au météore, article dont l’auteur M. Mario Turiel/o qui s’est fait un spécialiste de l’étude des œuvres de mon père, loue précisément une partie du roman dont n’existe aucune trace, fût-ce à l’état d’ébauche, dans le manuscrit autographe (Personnage de Zéphirin Xirda/ et dénouement)" (5).

On comprend un peu de le désir de Michel Verne de donner quelques explications scientifiques, car, pour arrêter le bolide dans sa course autour de la terre, Jules Verne ne suggère que la possibilité d’un aimant géant, impuissant sur une sphère d’or. Mais l’auteur s’amuse en appelant à l’aide ses propres créations : "Pourquoi ne construirait-on pas un canon, aussi puissant que celui qui, il y a quelques années, envoya un boulet dans la Lune ou celui qui, plus tard, tenta par un recul formidable de modifier l’inclinaison de l’axe terrestre ?... Oui, mais ces deux expériences, on ne l’ignorait pas, n’étaient que de pures fantaisies, dues à la plume d’un écrivain français, un peu trop imagintifpeut-être !" (ch. XI).

Inutile de préciser que Michel Verne supprime cette spirituelle "auto-référence", selon la formule de Daniel Compère (6J. (5) B.N., NAF 17 010, fo. 63

(6) D. Compère, "Reflets et projections de l’œuvre vernienne" à paraître au BSJV. 7