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LA JANGADA.

« Est-ce que nous sommes enfin au bout de cette liane ? demanda la jeune fille.

— Non, répondit Benito, mais nous ferons bien de n’avancer qu’avec prudence ! Voyez !… »

Et Benito montrait le cipo qui, perdu dans les branches d’un haut ficus, était agité par de violentes secousses.

« Qui donc produit cela ? demanda Manoel.

— Peut-être quelque animal, dont il convient de n’approcher qu’avec circonspection ! »

Et Benito, armant son fusil, fit signe de le laisser aller, et se porta à dix pas en avant.

Manoel, les deux jeunes filles et le noir étaient restés immobiles à la même place.

Soudain, un cri fut poussé par Benito, et on put le voir s’élancer vers un arbre. Tous se précipitèrent de ce côté.

Spectacle inattendu et peu fait pour récréer les yeux !

Un homme, pendu par le cou, se débattait au bout de cette liane, souple comme une corde, à laquelle il avait fait un nœud coulant, et les secousses venaient des soubresauts qui l’agitaient encore dans les dernières convulsions de l’agonie.

Mais Benito s’était jeté sur le malheureux, et d’un coup de son couteau de chasse il avait tranché le cipo.