Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

103
EN SUIVANT UNE LIANE.

Le pendu glissa sur le sol. Manoel se pencha sur lui afin de lui donner des soins et le rappeler à la vie, s’il n’était pas trop tard.

« Le pauvre homme ! murmurait Minha.

— Monsieur Manoel, monsieur Manoel, s’écria Lina, il respire encore ! Son cœur bat ! Il faut le sauver !

— C’est ma foi vrai, répondit Manoel, mais je crois qu’il était temps d’arriver ! »

Le pendu était un homme d’une trentaine d’années, un blanc, assez mal vêtu, très amaigri, et qui paraissait avoir beaucoup souffert.

À ses pieds étaient une gourde vide, jetée à terre, et un bilboquet en bois de palmier, auquel la boule, faite d’une tête de tortue, se rattachait par une fibre.

« Se pendre, se pendre, répétait Lina, et jeune encore ! Qu’est-ce qui a pu le pousser à cela ! »

Mais les soins de Manoel ne tardèrent pas à ramener à la vie le pauvre diable, qui ouvrit les yeux et poussa un « hum ! » vigoureux, si inattendu, que Lina, effrayée, répondit à son cri par un autre.

« Qui êtes-vous ? mon ami, lui demanda Benito.

— Un ex-pendu, à ce que je vois !

— Mais, votre nom ?

— Attendez un peu que je me rappelle, dit-il en