un nombre respectable de frasques[1], qui seraient vides, sans doute, en arrivant au Para.
Et, en outre, le cellier spécial de la jangada faisait honneur à Benito, qui s’en était constitué l’ordonnateur en chef. Quelques centaines de bouteilles de Xérès, de Sétubal, de Porto, rappelaient des noms chers aux premiers conquérants de l’Amérique du Sud. De plus, le jeune sommelier avait encavés certaines dames-jeannes[2] remplies de cet excellent tafia, qui est une eau-de-vie de sucre, un peu plus accentuée au goût que le beiju national.
Quant au tabac, ce n’était point cette plante grossière dont se contentent le plus habituellement les indigènes du bassin de l’Amazone. Il venait en droite ligne de Villa-Bella da Imperatriz, c’est-à-dire de la contrée où se récolte le tabac le plus estimé de toute l’Amérique centrale.
Ainsi était donc disposée à l’arrière de la jangada l’habitation principale avec ses annexes, cuisine, offices, celliers, le tout formant une partie réservée à la famille Garral et à leurs serviteurs personnels.
Vers la partie centrale, en abord, avaient été construits les baraquements destinés au logement des