Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/221

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

213
EN DESCENDANT TOUJOURS.

pas sept pieds maintenant. Que sont-ils auprès de ces lamantins de douze et quinze pieds, qui abondent encore dans les fleuves et les lacs de l’Afrique !

Mais il serait bien difficile d’empêcher cette destruction. En effet, la chair du lamantin est excellente, même supérieure à celle du porc, et l’huile que fournit son lard, épais de trois pouces, est un produit d’une véritable valeur. Cette chair, lorsqu’elle est boucanée, se conserve longtemps et donne une alimentation saine. Si l’on ajoute à cela que l’animal est d’une capture relativement facile, on ne s’étonnera pas que son espèce tende à sa complète destruction.

Aujourd’hui, un lamantin adulte, qui « rendait » deux pots d’huile pesant cent quatre-vingts livres, n’en donne plus que quatre arrobes espagnols, équivalant à un quintal.

Le 19 juillet, au soleil levant, la jangada quittait Fonteboa et se laissait aller entre les deux rives du fleuve, absolument désertes, le long des îles ombragées de forêts de cacaoyers du plus grand effet. Le ciel était toujours lourdement chargé de gros cumulus électriques, qui faisaient pressentir de nouveaux orages.

Le rio Jurua, venu du sud-est, se dégagea bientôt des berges de gauche. À le remonter, une embarcation