Aller au contenu

Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

214
LA JANGADA.

pourrait s’enfoncer jusqu’au Pérou, sans rencontrer d’insurmontables obstacles, à travers ses eaux blanches, que nourrissent un grand nombre de sous-affluents.

« C’est peut-être sur ces territoires, dit Manoel, qu’il conviendrait de rechercher les descendants de ces femmes guerrières, qui ont tant émerveillé Orellana. Mais il faut dire que, à l’exemple de leurs devancières, elles ne forment point de tribus à part. Ce sont tout simplement des épouses qui accompagnent leurs époux au combat, et celles-ci, parmi les Juruas, ont une grande réputation de vaillance. »

La jangada continuait à descendre ; mais quel dédale l’Amazone présentait alors ! Le rio Japura, dont l’embouchure allait s’ouvrir quatre-vingts milles plus loin, et qui est un de ses plus grands affluents, courait presque parallèlement au fleuve.

Entre eux, c’étaient des canaux, des iguarapès, des lagunes, des lacs temporaires, un inextricable lacis, qui rend bien difficile l’hydrographie de cette contrée.

Mais, si Araujo n’avait pas de carte pour se guider, son expérience le servait plus sûrement, et c’était merveille de le voir se débrouiller dans ce chaos, sans jamais s’égarer hors du grand fleuve.

En somme, il fit si bien que, le 25 juillet, dans