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EGA.

duit à Tabatinga, bourgade de peu d’importance auprès de cette petite ville.

Ega, au contraire, est un chef-lieu de quinze cents habitants, où résident toutes les autorités que comporte l’administration d’une cité aussi considérable, — considérable pour le pays, — c’est-à-dire commandant militaire, chef de police, juge de paix, juge de droit, instituteur primaire, milice sous les ordres d’officiers de tout rang.

Or, lorsque tant de fonctionnaires, leurs femmes, leurs enfants, habitent une ville, on peut supposer que les barbiers-coiffeurs n’y font pas défaut. C’était le cas, et Fragoso n’y eût pas fait ses frais.

Sans doute, l’aimable garçon, bien qu’il n’eût point affaire à Ega, comptait cependant être de la partie, puisque Lina accompagnait sa jeune maîtresse ; mais, au moment de quitter la jangada, il se résigna à rester, sur la demande même de Lina.

« Monsieur Fragoso ? lui dit-elle, après l’avoir pris à l’écart.

— Mademoiselle Lina ? répondit Fragoso.

— Je ne crois pas que votre ami Torrès ait l’intention de nous accompagner à Ega.

— En effet, il doit rester à bord, mademoiselle Lina, mais je vous serai obligé de ne point l’appeler mon ami !