Page:Verne - La Jangada, 1881, t1.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

218
LA JANGADA.

— C’est pourtant vous qui l’avez engagé à nous demander passage, avant qu’il en eût manifesté l’intention.

— Oui, et ce jour-là, s’il faut vous dire toute ma pensée, je crains d’avoir fait une sottise !

— Eh bien, s’il faut vous dire toute la mienne, cet homme ne me plaît guère, monsieur Fragoso ?

— Il ne me plaît pas davantage, mademoiselle Lina, et j’ai toujours comme une idée de l’avoir déjà vu quelque part. Mais le trop vague souvenir qu’il m’a laissé n’est précis que sur un point : c’est que l’impression était loin d’être bonne !

— En quel endroit, à quelle époque auriez-vous rencontré ce Torrès ? Vous ne pouvez donc pas vous le rappeler ? Il serait peut-être utile de savoir ce qu’il est, et surtout ce qu’il a été !

— Non… Je cherche… Y a-t-il longtemps ? Dans quel pays, dans quelles circonstances ?… Je ne retrouve pas !

— Monsieur Fragoso ?

— Mademoiselle Lina ?

— Vous devriez demeurer à bord, afin de surveiller Torrès pendant notre absence !

— Quoi ! s’écria Fragoso, ne pas vous accompagner à Ega et rester tout une journée sans vous voir !

— Je vous le demande !