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LA JANGADA

— Non, Manoel, répondit Benito, j’ai commencé… je sais où je veux aller… laisse-moi faire ! »

Benito expliqua alors au pilote que son intention était bien de visiter la partie inférieure de la berge jusqu’au barrage de Frias, là où le relèvement du sol avait pu arrêter le corps de Torrès, surtout si ce corps, flottant entre deux eaux, avait subi, si peu que ce fût, l’action du courant ; mais, auparavant, il voulait s’écarter latéralement de la berge et explorer avec soin cette sorte de dépression, formée par la déclivité du lit, jusqu’au fond de laquelle les gaffes n’avaient pu évidemment pénétrer.

Araujo approuva ce projet et se disposa à prendre des mesures en conséquence.

Manoel crut devoir alors donner quelques conseils à Benito.

« Puisque tu veux poursuivre tes recherches de ce côté, dit-il, le radeau va obliquer vers cette direction, mais sois prudent, Benito. Il s’agit d’aller plus profondément que tu ne l’as fait, peut-être à cinquante ou soixante pieds, et là, tu auras à supporter une pression de deux atmosphères. Ne t’aventure donc qu’avec une extrême lenteur, ou la présence d’esprit pourrait t’abandonner. Tu ne saurais plus où tu es, ni ce que tu es allé faire. Si la tête se serre comme dans un étau, si tes oreilles bourdon-