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LA JANGADA

femme, d’abord terrassée par ce coup soudain, allait bientôt se relever. Yaquita Dacosta serait ce qu’avait été Yaquita Garral. Elle ne doutait pas de l’innocence de son mari. Il ne lui venait même pas à la pensée que Joam Dacosta fût blâmable de l’avoir épousée sous ce nom qui n’était pas le sien. Elle ne pensait qu’à toute cette vie de bonheur que lui avait faite cet honnête homme, injustement frappé ! Oui ! le lendemain elle serait à la porte de sa prison, et elle ne la quitterait pas qu’elle ne lui eût été ouverte !

Le padre Passanha l’emmena avec sa fille, qui ne pouvait retenir ses larmes, et tous trois s’enfermèrent dans l’habitation.

Les deux jeunes gens se retrouvèrent seuls.

« Et maintenant, dit Benito, il faut, Manoel, que je sache tout ce que t’a dit mon père.

— Je n’ai rien à te cacher, Benito.

— Qu’était venu faire Torrès à bord de la jangada ?

— Vendre à Joam Dacosta le secret de son passé.

— Ainsi, quand nous avons rencontré Torrès dans les forêts d’Iquitos, son dessein était déjà formé d’entrer en relation avec mon père ?

— Ce n’est pas douteux, répondit Manoel. Le misérable se dirigeait alors vers la fazenda dans la