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DERNIERS EFFORTS.

Soudain, un bruit se fit entendre en dehors. Presque aussitôt, malgré ses ordres formels, la porte de son cabinet s’ouvrit brusquement.

Benito et Manoel étaient devant lui, Benito, effrayant à voir, Manoel le soutenant, car l’infortuné jeune homme n’avait plus la force de se soutenir lui-même.

Le magistrat s’était vivement relevé.

« Qu’y a-t-il, messieurs, que voulez-vous ? demanda-t-il.

— Le chiffre !… le chiffre !… s’écria Benito, fou de douleur. Le chiffre du document !…

— Le connaissez-vous donc ? s’écria le juge Jarriquez.

— Non, monsieur, reprit Manoel. Mais vous ?…

— Rien !… rien !

— Rien ! » s’écria Benito.

Et, au paroxysme du désespoir, tirant une arme de sa ceinture, il voulut s’en frapper la poitrine.

Le magistrat et Manoel, se jetant sur lui, parvinrent, non sans peine, à le désarmer.

« Benito, dit le juge Jarriquez d’une voix qu’il voulait rendre calme, puisque votre père ne peut plus maintenant échapper à l’expiation d’un crime qui n’est pas le sien, vous avez mieux à faire qu’à vous tuer !